Les pays de l'Asean tentent de mettre fin au conflit entre la Thaïlande et le Cambodge
Les ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), dont ceux de la Thaïlande et du Cambodge, tentent lundi de mettre fin au conflit entre les deux pays frontaliers, lors d'une réunion spéciale de leur groupe régional.
Selon les bilans officiels respectifs, les affrontements ont fait au moins 41 morts depuis la reprise des combats en décembre, les deux royaumes d'Asie du Sud-Est se disputant de longue date des morceaux de territoire le long de leur frontière, tracée à l'époque de la colonisation française.
Plus de 900.000 personnes ont été déplacées de part et d'autre, ont indiqué des responsables.
Pour la Malaisie, qui assure la présidence de l’Asean, l'objectif de ces pourparlers est la mise en place d'un cessez-le-feu durable entre les deux pays membres.
"Nous devons prendre en compte les répercussions plus larges d'une escalade continue pour les populations que nous servons", a averti le ministre malaisien des Affaires étrangères, Mohamad Hasan, en ouvrant la réunion lundi.
Il a exhorté ses pairs à "accorder à cette question (leur) plus grande attention".
"Notre devoir est de présenter les faits, mais, plus important encore, de leur rappeler qu’ils doivent assurer la paix", avait déclaré la semaine dernière le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui a beaucoup oeuvré en coulisses.
La reprise des combats a brisé une trêve conclue en juillet après cinq jours de combats, qui avaient fait 43 morts.
Chaque camp accuse l’autre d’avoir provoqué les affrontements, invoquant la légitime défense et s'accusant mutuellement d’attaques contre des civils.
- "Occasion importante" -
Le Cambodge et la Thaïlande ont tous deux déclaré dimanche que cette réunion en Malaisie devrait permettre d'apaiser les tensions à la frontière, la porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Maratee Nalita Andamo, évoquant une "occasion importante pour les deux parties".
Elle a réitéré les conditions préalables aux négociations, notamment la demande de Bangkok que Phnom Penh annonce en premier lieu un cessez-le-feu et coopère aux efforts de déminage à la frontière.
Le gouvernement thaïlandais n'a toutefois donné aucune garantie quant à l'aboutissement d'une trêve, déclarant qu'un "cessez-le-feu ne peut être obtenu que s'il repose principalement sur l'évaluation de la situation sur le terrain par l'armée thaïlandaise".
La diplomatie cambodgienne a elle aussi plaidé pour que la réunion de l'Asean puisse apaiser les tensions et rétablir "la paix, la stabilité et les relations de bon voisinage".
Elle a réaffirmé sa "position ferme" pour "résoudre les différends et les conflits par tous les moyens pacifiques, le dialogue et la diplomatie".
Fin octobre, le président américain Donald Trump avait assuré avoir résolu le conflit après avoir présidé à la signature d'un accord de cessez-le-feu, mais celui-ci a été suspendu peu après par Bangkok.
Washington, Pékin, l'Union européenne, les Nations unies et la présidence malaisienne de l'Asean ont tous appelé à une cessation des hostilités.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a dit vendredi espérer que les deux pays rétabliront la trêve d'ici lundi ou mardi, au moment où les efforts diplomatiques s'accentuent.
La Chine, très proche du Cambodge, a de son côté dépêché la semaine dernière son envoyé spécial pour les affaires asiatiques, dans un effort de médiation.
Le conflit trouve son origine dans un différend territorial portant sur la démarcation, datant de l’ère coloniale, de leur frontière de 800 kilomètres et sur quelques ruines de temples anciens de l'Empire khmer situées sur la ligne de démarcation.
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H. Müller--BTZ