Argentine: feu vert à un projet de mine de cuivre, sur fond de manifestation
La province argentine de Mendoza (ouest) a donné mardi son feu vert à un important projet de mine de cuivre, contesté localement pour son potentiel impact sur les ressources en eau, et sur fond d'une manifestation réunissant quelques milliers d'opposants.
Un important dispositif policier s'est maintenu toute la journée aux abords du parlement provincial, où s'étaient rassemblés au moins 2.000 manifestants, pour faire pression sur les sénateurs, et suivant la retransmission des débats, a constaté l'AFP.
Le "Projet San Jorge" (PSJ), porté par Zonda Metals (Suisse) et Alberdi Energy (Argentine) est une mine de cuivre à ciel ouvert, pour un investissement de 559 millions de dollars, dans le secteur d'Uspallata, village à 2.000 mètres d'altitude, près de la frontière chilienne. Selon PSJ, il vise 2.400 emplois directs et indirects dans sa phase d'opération.
Les sénateurs, qui se prononçaient deux semaines après un vote favorable des députés, ont approuvé l'étude d'impact par une large majorité donnant un feu vert au projet.
Selon PSJ, le vote doit ouvrir une période d'étude de faisabilité, puis de construction, s'étalant sur 18 à 24 mois.
Le projet était soutenu par le gouverneur de la province Alfredo Cornejo, allié politique du président argentin Javier Milei, et qui le considère "crucial pour produire le cuivre que requiert la transition énergétique (...), générer plus d'emploi et de croissance" dans la province. Et "en phase avec une grande partie" de la population, selon lui.
Dans la manifestation mardi, Carlos Russo, leader d'une ONG hostile au projet, rejetait auprès de l'AFP une étude d'impact "truquée". "La majorité des avis scientifiques sont négatifs ou préoccupants, les réclamations ou objections n'ont pas reçu de réponse", dénonçait-il, invoquant le "principe de précaution".
Il a rappelé que le vote n'est pas définitif, rappelant le précédent de 2019, où le même projet minier avait été suspendu face à une mobilisation populaire continue, avant de réapparaître avec de nouveaux investisseurs.
"Tout est révocable. Ce n'est pas un chèque en blanc, mais un projet qui s'accompagnera des contrôles et audits permanents" a plaidé lors du débat la sénatrice Natacha Eisenchlas, soutenant le projet.
Javier Milei, président depuis 2023, a proclamé à plusieurs reprises sa volonté de faire de l'Argentine une puissance exportatrice de cuivre, à l'instar du voisin chilien, premier producteur mondial avec des réserves supérieures à l'Argentine.
Dans ce cadre, il veut présenter au Parlement national un projet de modification de la loi dite "des glaciers" qui délimite l'activité minière en zone périglaciaire. L'initiative vise à donner davantage de latitude aux provinces -l'Argentine est un Etat fédéral- pour avancer avec des projets miniers.
Selon la Chambre des entreprises minières (CAEM), l'Argentine pourrait tripler ses exportations de cuivre, de quelque 4,6 milliards de dollars en 2024, à l'horizon 2032.
C. Fournier--BTZ