Le gouvernement Barnier presque finalisé, premières polémiques sur sa droitisation
Deux semaines après sa nomination, Michel Barnier s'apprête à présenter "avant dimanche" aux Français la composition de son gouvernement, qui devrait compter 38 membres, malgré de premières polémiques sur le positionnement très à droite de certains ministres.
Issu des rangs des Républicains (LR), Michel Barnier a fait jeudi un pas important dans la difficile élaboration de son exécutif, qui ne dispose pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, en se rendant dans la soirée à l'Elysée pour soumettre sa liste au président de la République Emmanuel Macron.
Un échange "constructif" d'une cinquantaine de minutes où le Premier ministre a présenté "l'architecture et la composition de son gouvernement qui respecte les équilibres" entre les différentes formations qui le constitueront, a indiqué Matignon.
Le chef de l'Etat "ne récuse aucun nom", a précisé un de ses proches à l'Etat à l'AFP.
Selon Matignon, l'exécutif devrait être présenté "avant dimanche", "au regard des vérifications déontologiques habituelles", en d'autres termes le feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) à la nomination des futurs ministres.
Même si sa composition ne semble pas encore totalement stabilisée, le gouvernement devrait comprendre 38 membres, dont 16 ministres de plein exercice, parmi eux sept macronistes et trois Républicains (LR), deux MoDem, un Horizons ou encore un du parti centriste UDI.
Parmi les trois ministres issus de la droite figure Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, qui devrait être nommé au ministère de l'Intérieur, ont indiqué plusieurs sources de la droite et du bloc central.
La possible nomination de cette figure du camp conservateur, très à droite sur l'immigration, était dénoncée à gauche, tout comme celle de la sénatrice LR Laurence Garnier pour le ministère de la Famille, du fait de ses positions contre le mariage homosexuel et contre la constitutionnalisation de l'IVG.
"Cela va être le gouvernement de la Manif pour Tous", a dénoncé sur TF1 la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, évoquant une "extrême droitisation de la macronie".
"Pourquoi y a-t-il eu une dissolution si c'est pour avoir à peu près les mêmes, plus à droite encore ?", s'est demandé l'ancien président socialiste François Hollande.
Une partie du bloc central se sentait également mal à l'aise: "Après tout le travail que nous avons accompli sur le plan sociétal, Laurence Garnier et Bruno Retailleau au gouvernement, c'est NON !", a réagi sur X le macroniste Ludovic Mendes alors que les députés MoDem sont "remontés", selon une source centriste.
Bruno Retailleau remplacerait Gérald Darmamin, qui a acté son départ vendredi matin par un message de remerciements aux agents de son ministère.
Laurent Wauquiez, le patron des députés LR qui nourrit des ambitions élyséennes pour 2027, avait pris les devants jeudi en annonçant qu'il renonçait à entrer au gouvernement après avoir refusé le poste de ministre des Finances.
Du côté des macronistes, le ministre MoDem (centre) démissionnaire des Affaires européennes Jean-Noël Barrot va être proposé pour les Affaires étrangères, tandis que le ministre des Armées Sébastien Lecornu devrait être reconduit.
- Qui pour Bercy ? -
Alors qu'il peine à trouver des personnalités de gauche, auprès desquelles il a essuyé plusieurs refus, seul un divers gauche figurerait parmi ces ministres de plein exercice. Le nom de Didier Migaud, actuel président de la HATVP et issu du Parti socialiste, circule pour entrer à la Justice.
A Bercy, le ministère serait composé d'un duo de députés macronistes: Antoine Armand pour l'Economie et l'Industrie d'un côté; Mathieu Lefèvre de l'autre pour le Budget. Reste à savoir s'ils seraient chapeautés par un ministre des Finances. La ministre sortante du Travail Catherine Vautrin, ex-LR ralliée à la macronie, passerait elle à un large portefeuille autour des Territoires.
Donnant un sérieux coup d'accélérateur pour former son équipe, le Premier ministre a réuni jeudi à Matignon les dirigeants des formations qui devaient y participer, avec l'intention de mettre fin aux tensions qui ont émergé ces derniers jours.
Selon plusieurs participants, il affirmé qu'il n'augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes, une décision qui a satisfait Gabriel Attal, le chef de file des députés macronistes, qui avait fixé cette condition pour la participation de son parti au gouvernement.
Le Premier ministre, qui semble vouloir rester flou sur son programme jusqu'à sa déclartion de politique générale le 1er octobre, a affirmé mercredi avoir découvert une "situation budgétaire très grave". La France fait, avec plusieurs autres pays membres de l'Union européenne, l'objet d'une procédure européenne pour déficits excessifs.
Le temps presse côté budget, dont le calendrier a été retardé par la dissolution de l'Assemblée nationale (la chambre basse du Parlement) en juin et la nomination très tardive d'un nouveau Premier ministre.
F. Burkhard--BTZ