Dermatose: les syndicats proposent un protocole expérimental, nouveau cas dans les Hautes-Pyrénées
La chambre d'agriculture et les syndicats agricoles d'Ariège ont proposé mercredi un protocole expérimental au ministère de l'Agriculture afin d'éviter les abattages de bovins, après la découverte de cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) en Ariège mardi, et dans les Hautes-Pyrénées mercredi.
Près de 200 agriculteurs sont mobilisés depuis l'aube mercredi autour du village des Bordes-sur-Arize, dans l'Ariège, pour bloquer les routes autour de l'exploitation aux services vétérinaires chargés d'euthanasier les 208 bovins.
Un autre cas de DNC a été détecté dans le nord des Hautes-Pyrénées, selon la préfecture de ce département où la Coordination rurale (CR) a appelé à une deuxième mobilisation pour éviter l'abattage des vaches.
"On va tenir les deux points de mobilisation jusqu'à faire plier la ministre. Pas la peine d'envoyer 3.000 CRS, ça ne changera rien", a déclaré à l'AFP Lionel Candelon, président CR de la chambre d'agriculture du Gers, voisin des Hautes-Pyrénées.
En marge du rassemblement ariégeois, les représentants locaux des différents syndicats agricoles (Coordination rurale, FNSEA, Confédération paysanne, etc.) se sont réunis pour demander "la suspension immédiate du dépeuplement systématique et la mise en place d'un protocole expérimental", est-il écrit dans un communiqué de presse transmis par la chambre d'agriculture de l'Ariège mercredi après-midi.
- "Trous dans la raquette" -
Ils proposent que ne soit abattues que les vaches contaminées et que la santé du reste du troupeau soit contrôlée par test PCR pendant 4 à 6 semaines. Ils appellent également à une "vaccination massive, rapide et efficace au-delà des zones règlementées" ainsi que la mise en place d'une zone de protection de 5 km autour du foyer.
Cette demande "vaut pour les cas de l'Ariège, des Hautes-Pyrénées, et tout le territoire" français, a précisé M. Candelon.
Jusqu'ici, la règlementation visant à stopper la propagation de la maladie prévoit que l'ensemble du troupeau concerné soit abattu et l'instauration de "zones règlementées" dans un rayon de 50 km autour du foyer de DNC, un périmètre dans lequel les déplacements de bovins sont interdits ou restreints et où les bêtes sont vaccinées.
"Manifestement il y a des trous dans la raquette. On est a 100 km d'une zone où il y a eu des cas et il y a un cas qui sort ici. Il n'y a pas d'éleveur transhumant à côté, ils n'ont pas acheté de bêtes récemment dans la zone affectée. Madame la ministre (de l'Agriculture, Annie Genevard, NDLR) expliquez-nous!", a déclaré David Eychenne, éleveur ariégeois et co-porte-parole de la Confédération paysanne d'Occitanie.
Dans l'après-midi, des experts du ministère de l'Agriculture, escortés par des gendarmes, se sont rendus dans la ferme pour une évaluation financière du troupeau. "Les bovins abattus dans le cadre de la lutte contre la DNC font l'objet d'une indemnisation par les services de l'État", a rappelé mercredi la préfecture de l'Ariège dans un communiqué.
- "la vaccination, pas l'abattage" -
Il s'agit du premier cas confirmé de DNC dans le département de l'Ariège depuis la détection du premier foyer en Savoie le 29 juin 2025. Cette maladie, apparue en juin en France et non transmissible à l'humain, est "sous contrôle" assure de son côté le ministère de l'Agriculture.
Face à la colère d'éleveurs, le gouvernement a lancé mardi "des réflexions" sur la vaccination préventive du cheptel français contre la DNC, une stratégie qui divise les acteurs.
"La solution c'est la vaccination, pas l'abattage. Surveiller sanitairement oui, mais il faut laisser en paix les animaux qui ne sont pas contaminés", a estimé Lionel Candelon.
A l'inverse, d'autres redoutent qu'une vaccination générale remette en cause le "statut indemne" de la France, lui permettant d'exporter.
Interrogée mardi devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a estimé qu'une généralisation de la vaccination enverrait "un signal préoccupant à nos partenaires européens".
A. Bogdanow--BTZ