Le président du Salvador menace de libérer tous les prisonniers de sa méga-prison
Le président de droite salvadorien, Nayib Bukele, a rejeté mardi les accusations de tortures dans la méga-prison de haute sécurité du Salvador où sont notamment incarcérés les migrants vénézuéliens expulsés des États-Unis, menaçant de libérer tous les prisonniers y compris les chefs de gangs.
Les conditions de détention dans ce Cecot (Centre de confinement du terrorisme) sont au centre de l'attention depuis que la chaîne américaine CBS a bloqué ce week-end la diffusion d'un reportage sur les conséquences des expulsions brutales menées par l'administration Trump vers cette prison de haute-sécurité.
Répondant à l'ancienne ministre américaine des Affaires étrangères Hillary Clinton qui l'a qualifiée de "brutale", le président Bukele a dit sur X que "si vous êtes convaincue que des actes de torture sont commis au Cecot, le Salvador est prêt à coopérer pleinement".
"Nous sommes prêts à libérer l'intégralité de notre population carcérale (y compris tous les chefs de gangs et tous ceux qualifiés de +prisonniers politiques+) vers tout pays disposé à les accueillir. La seule condition est simple: il faut que ce soit tout le monde", a-t-il averti.
"Cela aiderait grandement les journalistes et vos ONG préférées, qui auraient alors des milliers d'anciens détenus disponibles pour des interviews, ce qui faciliterait grandement la recherche de points de vue critiques supplémentaires visant le gouvernement salvadorien (ou disposées à confirmer les conclusions déjà attendues)", a ironisé le président.
En attendant, a-t-il poursuivi, "nous continuerons de donner la priorité aux droits humains des millions de Salvadoriens qui vivent aujourd'hui libres de la tyrannie des gangs".
Le Cecot a ouvert en janvier 2023 sous l'impulsion du président Bukele qui se vante d'avoir déclaré la "guerre" aux gangs que le gouvernement tient pour responsables de centaines de milliers de morts au cours des 30 dernières années.
Des migrants vénézuéliens envoyés par les États-Unis vers cette prison de haute sécurité ont subi des "tortures", des violences sexuelles et d'autres sévices pendant leur détention, ont dénoncé le mois dernier des ONG dont Human Rights Watch (HRW) et Cristosal - une ONG d'Amérique centrale - dans un rapport intitulé: "Vous êtes arrivés en enfer".
Selon ce document, les détenus étaient maintenus à l'isolement et soumis au manque de nourriture, d'hygiène ainsi qu'à des passages à tabac quotidiens.
En place depuis 2019, le président salvadorien est populaire du fait de cette lutte contre les gangs, qui s'appuie sur un régime d'exception permettant depuis 2022 des arrestations sans mandat.
F. Dumont--BTZ