Typhon Yagi au Vietnam: inondations monstres dans le nord, nouveau bilan de 127 morts
Les secouristes s'activaient mardi pour venir en aide aux milliers de personnes évacuées ou bloquées sur les toits en raison d'inondations dans le nord du Vietnam, après le passage destructeur du typhon Yagi, qui a fait 127 morts selon un nouveau bilan.
Les autorités locales ont annoncé l'évacuation de plus de 59.000 personnes contraintes de quitter leurs logements dans la province de Yen Bai, dans le nord du Vietnam, où près de 18.000 habitations ont été partiellement submergées.
Dans la ville, la crue a atteint un niveau jamais vu depuis 2008, ont rapporté les médias officiels, et les prévisionnistes ont averti que le niveau de l'eau pourrait encore monter dans le centre historique.
"J'ai tout perdu, tout. J'ai dû me réfugier à l'étage pour avoir la vie sauve (...) Tout est submergé maintenant", déplore Phan Thi Tuyet, une habitante âgée de 50 ans.
Accompagnée de ses deux chiens sur un canot, elle assure à l'AFP n'avoir jamais rien vu de tel.
Deux jours après le passage de Yagi, le Vietnam reste aux prises avec les conséquences meurtrières de la tempête, qui a détruit des maisons et des infrastructures de transport et endommagé des usines, avec des rafales dépassant les 150 kilomètres par heure.
Près de 210.000 hectares de cultures ont été détruits par les inondations, a rapporté l'Agence de presse vietnamienne (VNA). Au moins 734.000 bovins et volailles ont péri.
Le typhon, qui a touché terre samedi matin vers Haïphong avant de s'affaiblir dimanche soir, est considéré par des météorologistes comme le plus puissant qui a frappé la région au cours des trente dernières années.
Le dernier bilan fait état de 127 morts et au moins 54 disparus, a indiqué mardi la chaîne d'Etat VTV.
Les inondations et les glissements de terrain ont aussi blessé 752 personnes, ont précisé les responsables en charge des catastrophes naturelles.
Quelque 429 communes réparties dans 17 provinces du Nord sont concernées par des alertes inondations et glissements de terrain émises par les autorités.
- 25.000 arbres arrachés à Hanoï -
Mardi matin, le niveau de l'eau atteignait le toit des maisons à un étage, dans certains zones des villes de Yen Bai et Thai Nguyen, où des habitants se sont réfugiés sur les toits, a constaté l'AFP sur place.
Les équipes de secours essaient d'atteindre les zones résidentielles, pour mettre hors de danger les personnes âgées et les enfants.
Les autorités locales ont annoncé que Yagi avait arraché plus de 25.000 arbres dans la capitale Hanoï. Des troncs massifs ont bloqué certaines artères routières et provoqué des embouteillages monstres.
Le district de Hoan Kiem, prisé des touristes, a évacué 460 personnes mardi.
"Après la tempête, le ciel est clair et magnifique. Mais il a montré les conséquences de la tempête, avec des arbres tombés et des destructions", a déclaré Dang Duc Thuc, un habitant de 62 ans. "Cette tempête est historique, la plus forte depuis celle de 1971."
Lundi, un pont routier s'est effondré dans la province de Phu Tho, au nord-est de la capitale, entraînant dans sa chute plusieurs véhicules.
- Production interrompue dans les usines -
La tempête a également provoqué d'importantes coupures d'électricité, affectant le fonctionnement des usines, un "désastre" déploré par des responsables économiques locaux.
Plus de 80 entreprises japonaises ont souffert de dégâts liés au typhon, notamment des bâtiments d'usine, des machines, des matières premières et des produits, a expliqué à l'AFP Susumu Yoshida, de la chambre japonaise de commerce et de l'industrie au Vietnam.
Certaines d'entre elles ont suspendu, totalement ou partiellement, leur production, et plusieurs ne redémarreront pas l'activité avant la fin de semaine, a-t-il précisé.
Avant de frapper le Vietnam, le typhon Yagi avait traversé le sud de la Chine et les Philippines, faisant au moins 24 morts et des dizaines de blessés.
Selon une étude publiée en juillet, les typhons de la région se forment désormais plus près des côtes, s'intensifient plus rapidement et restent plus longtemps au-dessus des terres en raison du changement climatique.
K. Berger--BTZ